22.9.13

Nos héros sont morts ce soir : un film hommage à la synergie



Nos héros sont morts ce soir

D’où venons-nous à l’âge adulte? Nul doute : on est très proches de la littérature. On reste des enfants gâtés, entourés dans nos rapports imaginaires à un monde réel. Voilà donc pourquoi David Perrault, réalisateur et scénariste du film Nos héros sont morts ce soir plonge dans le passé littéraire, parfois idéalisé, afin de nous donner un mélange de mémoire en blanc et noir, en créant un genre cinématographique tout à fait poétique et donc très imposant qui illustre son opinion sur les racines du désir dans et à travers le temps. Evidement, on est exposés au souvenir terrible puisque le miroir du temps est douloureux d’après les exigences de la mémoire qui travaille et s’en va, mobilisée par la lutte acharnée pour la survie. Rien d’ajouter à la « haute couture » des sentiments où leur raffinage cérébral nous offre un résultat très français, c'est-à-dire identifiable, avec une essence de poésie et un esprit d’argumentation.      
    
On se trouve en France, au début des années 60. On voit le rapport professionnel- amical et son déroulement entre Simon et Victor. Simon (Jean-Pierre Martins), catcheur, porte le masque blanc : sur le ring il joue le rôle du « Spectre ». Victor (Denis Ménochet), moins puissant que son collègue, est l’écorcheur mais veut partir de cet emploi dur. Quand Simon lui propose d’être son adversaire au masque noir : « L'Équarrisseur de Belleville », Victor affirme qu’il aimerait être dans la peau de celui qu'on applaudit. Et donc Simon lui suggère d'échanger les masques. Voilà le problème, quand le visage sera reconnu et aucune idée ne pourra durer plus que le temps qui la domine. Bien sur, on est « présents » au souvenir terrible de ces deux hommes dont le désir pour la même femme – désir évident de la part de Simon tandis que Victor en est silencieux- était significatif pour la narration filmique.

Puisque Perrault utilise des noms illustrés, comme ceux de François Rabelais, docteur et écrivain, et de Gérard de Nerval, la variation fictive appartient au monde déjà connu, parcouru. En tous cas, -selon Perrault- il faut qu’on se souvienne que « l’important n’est pas de comprendre mais de prendre ». Dans ce cadre, ce monde se révèle à travers le monde en dehors de l’écran et nous montre les dents de son absurdité. Lorsque l’enjeu de la vie est l’action du « deal », la violence y existe. C’est la morale du film enfin. Très intéressant même si le film Nos héros sont morts ce soir reste dépendant à ses racines. La musique fonctionne aussi comme agent provocateur, à travers laquelle les spectateurs changent d’émotion, de temps et d’espace filmique. Ce trait impose à son tour à ce que la narration filmique expose grâce à son esthétisme poétique : le cinéma synergie.       

Réalisateur : David Perrault
scénario : David Perrault
image : Christophe Duchange
montage : Maxime Pozzi-Garcia
son : Thierry Ducos - Rémi Gauthier - Guillaume Leriche
décors : Florian Sanson
musique : Julien Gester - Olivier Gonord
interprètes :
Denis Ménochet
Jean-Pierre Martins
Constance Dollé
Philippe Nahon
Pascal Demolon
Alice Barnole
Yann Collette



http://www.imdb.com/title/tt2876358/?ref_=sr_1
 
19th Athens International Film Festival “Nychtes Premieras”


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