2.4.13

Vitriol, une pièce sur l’équivoque entre la nature et la culture




Il y a quelques années, j’ai acheté les ‘‘100 définitions du théâtre’’ par Olivier Py, - ed. Les Carnets du Rond-Point (RMB)-. C’est intéressant comme quelques noms écrits deviennent réalité y pénètrent notre vie d’une manière physique. Ce ravissement est celle d’un mythe urbain et quotidien, où on participe. En fait, le mois dernier, j’ai connu Olivier Py à l’ Institut Français d’ Athènes –IFA ou, autrement dit, Inspirer Faire Adorer- à l’occasion de la représentation du théâtre de Vitriol de G. Mavritsakis au Théâtre National d’ Athènes. Avant de cette expérience, quelques définitions du livre m’avaient touchée. Particulièrement : No 91, ‘‘le théâtre est cet amant d’un soir qui dit Oublie-moi et je te serai rendu’’. Et en plus, No 17, ‘‘le théâtre est ce qui nous permet de contempler la mort sans en mourir’’… bien sur, il y en a d’autres, grâce aux lesquelles ce livre est à la fois amusant et bien pensant. Mais je termine avec le No 1: ‘‘Sapiens, Sapiens se plante une épine dans le pied. Il voit que sa douleur n’est pas partagée par ses camarades, alors il invente le théâtre’’.    

Donc, en ce qui concerne la représentation du théâtre de Vitriol de G. Mavritsakis au Théâtre National d’Athènes, je n’avais aucun doute. Py a fait un spectacle de tout. Il a pris un texte tout à fait poétique –et politique quand même- et il l’a présenté par rapport à une réalité bien corporelle y terrestre. C’ est pourquoi on est en face d’une ‘‘surface’’ d’argile, où les acteurs retracent l’histoire. C’est l’histoire d’un garçon qui se trouve en crise, homme de son ombre, esclave d’un fardeau soit personnel que social. Dans cette atmosphère, l’élément de la douche fonctionne positivement créant un nouvel ensemble d’antinomie. Contre le paysage gris y fluide, parallèle de la mémoire axée en ardeur, la douche symbolise la fraîcheur. Elle est un symbole antinomique en relation avec le sujet du titre ‘‘Vitriol’’ qui signifie exactement Visita interiora terrae rectificando invenies occultum lapidem”. Toute la mise en scène convient à une approche holistique des arts, dans laquelle les acteurs à travers leur rôle deviennent des personnages vivants d’une intervention figurative sur la totalité et l’infini, idées parcourues par la pensée philosophique d’Emmanuel Levinas. C’est Levinas qui soutient l’argument que ‘‘la représentation dans l’œuvre de la relativité occupe le poste d’un fait privilégié’’. Alors, il s’agit d’un privilège ouvert aux spectateurs. On voit des interprétations exceptionnelles en dépit de la difficulté de participer à une telle pièce. C’ est pourquoi je me demande, au nom de la flexibilité et de l’acculturation, comment Vitriol pourrait aller en France afin que les acteurs grecs montrent que la Grèce n’est pas seulement en crise mais en pleine créativité. Grâce à eux, à Mavritsakis, à Py certainement. C’est dur mais lorsque Olivier affirme que ‘‘notre temps est patrimoine plus que culture, mode plus que création, commentaire plus que littérature, image plus que promesse, spéculation plus que désir vrai, sondage plus que désirs’’, une question est soulevée : c’est quoi le plus dur pour un citoyen? La vie ou le théâtre?                       

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